A la rencontre de Monsieur BOUJOT

Léon Boujot

Salines corses

Léon Boujot

Leon BoujotLEON 
BOUJOT

 1914-1997
 

DIRECTEUR  du  COURS COMPLEMENTAIRE

 de 
PORTO-VECCHIO  de  1941  à  1961.

20  ANS DEVOUES A L’ ENSEIGNEMENT

Né le 26 Février 1914 à Jarnosse Loire.
Dernier d’une fratrie de quatre filles et deux garçons.
Son père était ouvrier agricole, sa mère faisait fonctionner quatre métiers à tisser la soie que l’usine voisine avait installés dans la maison.
Son  frère ainé a été tuéà Meunes, près de Verdun en Mars 1918.
Son père est mort alors qu’il n’avait pas huit ans.


Léon jeuneIl est élève à Jarnosse puis à Charlieu où la maladie le terrasse quelques mois avant le concours d’entrée à l’Ecole Normale de Roanne. Rétabli, son instituteur insiste pour qu’il trouve un concours ouvert dans un département au mois de septembre. Son choix, sur les conseils du médecin de famille, se porte sur la Corse.
Ce sera Ajaccio.
Octobre 1936, il rentre à l’Ecole Normale  d’Instituteurs.

Tout de suite conquis par le soleil, le maquis qui en cette saison embaume, les montagnes rougeoyantes à chaque coucher de soleil.  Il fait de la Corse sa Patrie.

Adopté par l’ensemble de sa promotion, il noue des amitiés fidèles : la guerre va les séparer, ainsi il fut très affecté par la  mort de son ami Joseph Pietri sur le front de Monte Cassino.  

Groupe scolaire   
Groupe scolaire Joseph Pietri     Médaillon Joseph


A l’école normale il rencontre Marie Marcellesi, originaire de Porto-Vecchio. A leur sortie de l’école, ils se marient et sont nommésà Pietra-Corbara en 1938. Sa famille se compose de deux enfants, trois petits enfants et une arrière petite fille.

Marie

Léon BOUJOT est mobilisé à Bastia en attendant son départ pour le front.
Les évènements se précipitent, les transports maritimes étant peu sûrs, ce contingent est démobilisé pour peu de temps. Dans cette « drôle» de guerre, il rejoint l’Ecole Publique de Porto-Vecchio en Octobre 1941. En Juillet 1942 il est nommé par
le Préfet, Directeur du Cours Complémentaire de Porto-Vecchio.

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Drôle de moeurs, drôle d’époque !

Mobilisé à nouveau en 1943. Il revient en 1945 à son poste. Pour la rentrée des classes tout est à réorganiser.
Il y resta 20 ans  de sa vie. Il est très affecté par le décès de Joseph Pietri, son ami, il doit se battre pour imposer le nom de Joseph Pietri au fronton des Ecoles.

Maintenant il faut  réorganiser  l’Ecole, la tâche est importante.
Le Groupe  Scolaire avait été bombardé et la partie centrale  est inutilisable. Il a commencé par s’improviser « chef de chantier», aidé en cela par la  Délégation Spéciale  mise en place à la Libération de Porto Vecchio, la Municipalité ayant été dissoute. Le Président, qui faisait fonction de  Maire, était Jean-Baptise Marcellesi : ainsi il a pu obtenir que les prisonniers de guerre allemands du camp de Palavesa viennent chaque jour démolir ce qui était dangereux 
pour les élèves dans le groupe scolaire bombardé afin de reconstruire et faire redémarrer l’Ecole. Il veillait aussi à ce que les prisonniers soient nourris, et qu’ils aient à midi un repas chaud. Il a pu ainsi utiliser cette main d’oeuvre pour construire une salle des fêtes en sous-sol, grâce à des dons pour acheter le ciment, le bois, les matériaux qui étaient nécessaires. Les élèves étaient tous mobilisés pour des tâches matérielles, ramasser les cailloux pour les empierrements, par exemple…  Les sorties promenades, conduisaient tous les élèves, dans le terrain où se situe actuellement le Collège, permettant  de ramener les souches de bruyère qui alimentaient les poêles à bois dans chaque classe. A tour de rôle, les
élèves étaient préposés à l’entretien du feu. La vie matérielle par ces temps de disette, s’organisait, la solidarité s’étoffait. En même temps, il fallait organiser les emplois du temps, gérer les activités péri-scolaires.

La Culture était pour lui une priorité absolue, il fallait que tout le monde y accède. Ainsi il a créé la Bibliothèque de l’Ecole : chaque semaine, du temps était réservé,dans chaque classe les livres étaient échangés. Ceux-ci  étaient couverts, étiquetés et entretenus. Un atelier de reliure a été créé. Ce travail manuel avait une fonction
éducative qui permettait de montrer qu’il n’y avait pas de métier plus ou moins noble. Au bout de quelques  années plus de sept cent livres tournaient chaque semaine dans les classes.
L’inauguration de la Salle des Fêtes a été l’occasion d’une mobilisation quasi-générale. Des spectacles de danses ont été créés, des pièces de théatre montées. Les décorsétaient le fruit du travail de tous.

Et il y a une chose qui a fortement affecté Leon Boujot : un violoniste se trouvait parmi les prisonniers du camp de Palavesa. Deux violons ont été prêtés par un habitant de Porto-Vecchio, lui même  violoniste. Hans et Roger ont répété et Léon Boujot a suggéré que ces quelques pièces soient jouées devant le public dans la salle des fêtes. Cela a provoqué un tollé de la part de personnes, qui n’acceptaient pas qu’un allemand prisonnier de guerre puisse jouer du Mozart dans un lieu public…

année 1948

L’activité artistique s’est éteinte. La Salle des Fêtes est donc devenue une salle de projection de films éducatifs. Léon Boujot était le projectionniste et le gestionnaire des programmes et des films. Puis est venu le moment, évident pour lui, de créer une classe Section Spéciale de préparation à l’entrée à l’Ecole Normale d’Instituteurs d’Ajaccio. Y entrèrent trois à sept élèves par an pendant 20 ans. Il y a eu 20 majors de promotion. L’installation d’un centre de
pyrogravure a été pour lui une joie de transmettre son savoir faire.
Sur sa lancée, il met en place une Section Agricole. Un poste est créé par le Rectorat et le « maestro di i patati » prend ses fonctions, son métier à bras le corps. C’est une réussite pour la plupart des enfants.

Egleton B   Egleton C

Leon Boujot découvre aussi l’Ecole d’Application des Travaux Publics  d’EGLETONS.
Au début il a fallu convaincre les parents pour que les élèves intègrent cette Ecole. La Corse est loin de la Corrèze, et les parents d’élèves plutôt désargentés. Il se bat pour créer à Porto-Vecchio un centre d’examen pour toute la Corse. C’est une très belle réussite car tous ceux qui sont passés par cette Ecole constituent  50 ans après, une élite industrielle reconnue.

Egleton A

Son travail de transmission du savoir, ne s’est pas arrêté à son départ de Porto-Vecchio. Il ne faut pas occulter la reconnaissance de tous ceux qui autour de Jean-Baptiste Marcellesi ont permis son épanouissement. En effet bien qu’ayant toujours refusé toute activité
publique, il a été en toute discrétion un résistant engagé non dans le verbe mais dans l’action.

La légende veut que l’horloge sur le fronton du groupe scolaire se soit arrêtée le jour du départ de Léon Boujot …

Collège Léon Boujot

Si le nom de Léon BOUJOT est inscrit au fronton du Collège c’est grâce à la mobilisation importante de la quasi totalité de ses anciens élèves et  de ses amis, de leurs parents et de tous ceux qui, l’ayant connu et apprécié durant des décennies, n’ont pu l’oublier. Ainsi ils ont tenu à ce que les jeunes générations et les nouveaux venus puissent découvrir l’exceptionnelle personnalité du Directeur du Cours Complémentaire de Porto-Vecchio.

Ils ont voulu exprimer leur reconnaissance au professeur de mathématiques, au directeur dynamique et efficace mais surtout à l’homme de coeur.
A une époque où n’existaient pas les cars de ramassage et où les enfants des villages environnants étaient placés, souvent au prix de durs sacrifices, dans des familles afin de suivre une scolarité normale, il se substituait aux parents absents pour exercer une surveillance stricte sur le travail post scolaire de ces élèves !

Au palmarès des réussites au brevet et au concours d’entrée à l’Ecole Normale, Léon Boujot avec son équipe pédagogique, a su porter haut les couleurs du Cours Complémentaire de Porto-Vecchio !

Que soit remercié JEAN-PAUL de ROCCA-SERRA qui avait souhaité un lieu de culture au nom de Léon Boujot.

Que soient remerciés tous ceux qui ont oeuvré pour que le nom de Léon Boujot soit donné au COLLEGE 1 : ils ont voulu saluer le souvenir de celui qui, durant vingt ans, n’a ménagé, ni son temps, ni sa peine, leur valeureux Directeur qu’ils n’oublieront jamais !